L'association francaise des Entreprises pour l'Environnement a organise avec l'Ademe, Bpifrance, la Caisse des Depots, CVT AllEnvi et l'IDDRI, fin novembre, cinq jours de debats autour de la question strategique de la gouvernance de la biomasse. Sont aujourd'hui publies les actes de ces rencontres qui montrent des voies de progres, ouvrent des pistes et posent de nouvelles questions. Consideree comme la ressource naturelle ecologique par excellence, la biomasse suscite l'interet de tous les acteurs, qu'ils soient energeticiens, industriels, forestiers, agriculteurs ou politiques. Les terres, champs, espaces naturels et forets sont deja fragilises par le changement climatique et vont etre massivement mobilises pour stocker du carbone, nourrir l'humanite et fournir de l'energie et des materiaux. Cette exploitation accrue des terres pour la mise en place d'une economie decarbonee mettrait en peril la biodiversite, faute d'une gestion durable de la biomasse. Limiter ces risques pose des questions de gouvernance. La biomasse ne se concoit bien que dans une bioeconomie ou l'on utilise et reutilise au mieux, ou l'on consomme moins de matiere, mais ou la matiere devient plus valorisee, differemment et mieux. Cela depend de solutions techniques, a developper par les entreprises au plus tot et a cout le plus reduit possible, mais aussi de notre maniere de vivre. C'est sur ce theme qu'etaient invites a echanger 30 experts de tous horizons, autour de cinq questions: 1 - Y aura-t-il de la biomasse pour tout le monde? Si d'emblee la reponse est non, les debats ont permis de la relativiser. Si le tout-biomasse ne peut etre envisage, comment assurer une transition agro-ecologique equilibree qui fournisse les nouvelles demandes, evite la surspecialisation regionale, fasse accepter un changement de pratiques chez les agriculteurs tout en gerant l'acceptabilite sociale de la modification des paysages par l'exploitation forestiere. 2 - Sols: quelle place pour les hommes et leurs activites? Ce theme a permis aux participants de debattre sur la reduction de l'artificialisation des sols qui, a premiere vue, serait favorable a la biomasse a condition que la qualite des sols soit au rendez-vous. En revanche, ont ete soulignees les injonctions parfois contradictoires recues par les collectivites: l'artificialisation se poursuit aujourd'hui. 3 - Agriculture: produire plus, produire mieux? Resumes notamment par la formule 'Moins de viande, plus de methane', les debats ont montre que la reduction des cultures dediees a nourrir le betail permettait, comme les inter-cultures a base de legumineuses qui sont une source importante de methanisation et de captation de carbone, de mieux satisfaire plusieurs besoins. Les modeles economiques de ce secteur et notamment de l'elevage vont-ils dans le sens de la satisfaction de cette diversite de productions? 4 - Forets: quelle gestion pour quels usages? Les forets, comme les sols agricoles, sont de vastes reservoirs de biomasse qui rendent des services aujourd'hui reconnus comme l'absorption de gaz carbonique ou la regulation de l'eau, en plus de la production de bois. Comment encourager leur developpement? Leur gestion repose en bonne partie sur les petits proprietaires forestiers prives qui n'ont que peu d'interet a exploiter. La ou la foret est exploitee, les experts estiment qu'il faut apprendre a couper plus tot tout en laissant place aux activites de loisirs comme la chasse. Enfin, les attentes de la population s'opposent a l'intensification de la gestion, creant la aussi des injonctions contradictoires. 5 - Quelle gouvernance pour la biomasse? Si gouverner c'est prevoir, c'est aussi savoir. C'est un point essentiel afin de pouvoir tout integrer, tout penser ensemble (eau, sols, bois...) dans un schema biomasse global au-dela des contraintes politiques et administratives. C'est aussi ecouter, debattre et choisir aux bonnes echelles territoriales